Faut-il opter pour la TVA en micro-entreprise ?

Faut-il opter pour la TVA en micro-entreprise ?

Comprendre le régime de la micro-entreprise

Le régime de la micro-entreprise, autrefois appelé auto-entreprise, est particulièrement apprécié par les travailleurs indépendants pour sa simplicité administrative et fiscale. Ce statut séduit notamment celles et ceux qui souhaitent tester une activité à petite échelle, démarrer un projet entrepreneurial ou générer un complément de revenu sans les lourdeurs du régime classique. Mais au-delà de ses avantages évidents, une question revient souvent chez les micro-entrepreneurs : faut-il opter pour la TVA ou rester en franchise en base de TVA ?

Cette interrogation est d'autant plus cruciale qu'elle peut avoir un impact direct sur la compétitivité, les obligations comptables et la gestion financière au quotidien. Dans cet article, nous faisons le point sur ce choix stratégique pour vous aider à décider s’il est pertinent, dans votre cas particulier, de relever volontairement de la TVA ou non.

Franchise en base de TVA : qu’est-ce que c’est ?

En choisissant le régime de la micro-entreprise, l'entrepreneur bénéficie par défaut de la “franchise en base de TVA”. Cela signifie qu’il ne facture pas de TVA à ses clients et ne la déclare pas à l’administration fiscale. En pratique, ses factures doivent porter la mention “TVA non applicable, article 293 B du CGI”.

Ce régime présente des avantages, notamment :

  • Des démarches administratives allégées (aucune déclaration de TVA mensuelle ou trimestrielle à effectuer) ;
  • Un gain de temps lors de la facturation ;
  • Des tarifs souvent plus attractifs pour les particuliers, car vous ne leur répercutez pas de TVA.

Mais ce régime présente aussi une limite : vous ne pouvez pas récupérer la TVA sur vos achats professionnels (matériel, fournitures, services, etc.), ce qui peut parfois coûter cher selon votre secteur d’activité.

TVA en micro-entreprise : est-ce possible ?

Oui. Un micro-entrepreneur peut, sur option, décider de facturer la TVA à ses clients. Cette démarche implique cependant de renoncer à la franchise en base. Il faudra alors respecter toutes les obligations d’un entrepreneur relevant de la TVA :

  • Facturation de la TVA sur chaque vente ou prestation de service ;
  • Déclaration de la TVA collectée à l’administration (mensuelle ou trimestrielle selon le régime choisi) ;
  • Récupération de la TVA sur les dépenses professionnelles ;
  • Tenue d’une comptabilité plus rigoureuse (livre comptable, pièces justificatives, etc.).

La récupération de la TVA sur vos achats peut représenter un véritable levier financier, notamment si vous réalisez d’importants investissements ou si vos fournisseurs vous facturent eux-mêmes de la TVA. Cela dit, cette option ne convient pas à tous les profils de micro-entrepreneurs.

Dans quels cas opter pour la TVA peut être intéressant ?

Choisir de facturer la TVA est une décision qui se fait au cas par cas. Plusieurs critères doivent entrer en ligne de compte :

Vous avez des clients professionnels soumis à la TVA

Dans ce cas, leur capacité à récupérer la TVA que vous leur facturez rend votre offre plus compétitive. En effet, le coût hors taxe sera la base de leur calcul. Il peut donc être pertinent de passer à la TVA pour simplifier les échanges commerciaux et renforcer votre crédibilité.

Vous réalisez de nombreuses dépenses professionnelles soumises à la TVA

Si votre activité vous oblige à acheter du matériel coûteux ou à recourir à des prestataires qui facturent la TVA, alors vous avez tout intérêt à passer au régime de TVA. Cela vous permettra de récupérer tout ou partie de cette taxe, diminuant ainsi vos charges réelles.

Vous prévoyez un développement rapide de votre entreprise

Si votre chiffre d'affaires dépasse les seuils de tolérance fixés par l’administration, vous serez automatiquement assujetti à la TVA. Prendre les devants peut éviter les effets de seuil et les régularisations rétroactives parfois complexes. Dans ce cas, anticiper le passage à la TVA dès le départ peut faciliter l’évolution de votre activité.

Les seuils (en vigueur au 1er janvier 2024) sont de :

  • 91 900 € de chiffre d’affaires annuel pour les activités de vente de marchandises ;
  • 36 800 € pour les prestations de services et professions libérales.

Au-delà de ces montants, la franchise en base de TVA est perdue, et vous êtes obligé de facturer la TVA.

Les inconvénients de la TVA en micro-entreprise

Malgré ses avantages dans certains cas, opter pour la TVA en tant que micro-entrepreneur présente aussi des contraintes :

  • Une complexité administrative accrue : même avec des outils de gestion, déclarer mensuellement ou trimestriellement la TVA est une tâche qui demande rigueur et organisation.
  • Un risque de confusion avec les clients particuliers, qui peuvent être surpris par une majoration de vos tarifs dus à la TVA.
  • Une obligation de gestion comptable plus poussée, ce qui peut vous amener à faire appel à des services extérieurs (comptable, logiciel dédié…), générant des coûts supplémentaires.

Ce changement implique donc une réflexion stratégique. Il ne s’agit pas seulement d’une formalité administrative, mais bien d’un choix structurant pour votre modèle économique.

Quelques exemples concrets

Pour illustrer ces différences, prenons deux situations :

Claire, esthéticienne à domicile :

Elle travaille principalement avec des particuliers. En franchise de TVA, elle propose un soin à 50 € TTC. Si elle opte pour la TVA au taux de 20 %, ce même soin coûtera 60 €, ce qui la rendra moins compétitive. Pour elle, la franchise est clairement plus adaptée.

Sami, développeur web freelance :

Ses clients sont majoritairement des entreprises. En franchise, il facture une prestation à 1 000 €, sans TVA. En passant à la TVA, il facture 1 200 €, mais ses clients peuvent récupérer la TVA. Lui-même peut déduire la TVA sur ses abonnements logiciels ou ses achats informatiques. Ce choix est financièrement intéressant.

Comment effectuer le changement ?

Si vous souhaitez opter pour le régime de TVA, vous devez en informer le service des impôts des entreprises (SIE) dont vous dépendez. Cette option est valable pour deux ans, renouvelable tacitement. Vous devrez également adapter vos factures à ce nouveau régime, en indiquant clairement la TVA applicable, votre numéro de TVA intracommunautaire et les mentions légales obligatoires.

Il est fortement conseillé, en amont, de consulter un conseiller ou un expert pour évaluer les impacts sur votre activité, vos tarifs et votre gestion administrative. L’Adie propose un accompagnement complet aux micro-entrepreneurs pour les aider à mieux comprendre les implications de ce type de décision.

L’importance d’être bien accompagné

Qu’il s’agisse du choix d’opter ou non pour la TVA, ou de tout autre aspect administratif lié à votre entreprise, ne restez pas seul. De nombreuses structures d’accompagnement, comme l’Adie, peuvent vous aider à y voir plus clair.

Depuis plus de 30 ans, l'Adie accompagne les porteurs de projet, en leur offrant à la fois un appui financier via des microcrédits et un soutien personnalisé tout au long de leur parcours entrepreneurial. Elle se positionne ainsi comme un véritable catalyseur d’initiatives, en particulier pour les personnes éloignées de l’emploi ou du système bancaire traditionnel.

En choisissant de se faire accompagner, le micro-entrepreneur accède à une vision plus claire de ses droits, obligations et opportunités. Cela peut faire toute la différence dans le succès et la pérennité de son activité.

TVA ou non : chaque situation est unique

Opter pour la TVA en micro-entreprise n’est pas une décision anodine. Elle dépend de nombreux paramètres : nature de votre clientèle, niveau de charges, secteur d’activité, évolution prévue de votre chiffre d’affaires… Il n’existe donc pas de réponse universelle. Toutefois, une analyse rigoureuse de votre situation, éventuellement avec l’aide d’experts comme ceux de l’Adie, vous permettra de faire un choix éclairé. Prenez le temps de comparer les scénarios avant de vous engager, car la simplicité du régime micro ne doit pas vous faire négliger la fiscalité à long terme.

Entre autonomie, légèreté fiscale et opportunités de développement, la micro-entreprise continue de séduire. Comprendre les enjeux liés à la TVA permet d’utiliser ce statut à son plein potentiel, au service d’un projet personnel et professionnel fort.